Dare mo Shiranai (Nobody Knows) est un film magnifique d'Hirokazu Kore-Eda, basé sur un fait divers atroce qui fit grand bruit au Japon en 1988: l'affaire des enfants abandonnés de Sugamo .
L'histoire, sur laquelle Kore Eda a travaillé pendant plus de quinze ans, a été quelque peu édulcorée, s'éloignant par certains point du fait divers, et rendant le film "supportable", du moins dans sa première partie.
Il raconte l'histoire de quatre enfants, livrés à eux-même par leur mère, coupable d'une cruelle irresponsabilité.
Privés d'école (car "l'école, c'est ennuyeux"), interdits de sortir de leur appartement, on suit au début leur quotidien, parfois drôle, souvent touchant (les petits acteurs sont excellents), jusqu'au jour où leur mère part en voyage d'"affaire"à Kobe, pour une durée indéterminée.
Le film se déroule à 70% dans le petit appartement, relatant des moments de rien, les seules sorties étant celles effectuées pour le ravitaillement par le plus "grand" (12 ans) au combini du coin.
Mais au fil du temps, la gentille torpeur du début du film s'estompe, faisant place au malaise, qui grandit, à la mère qui ne revient pas, à l'argent qui se fait de plus en plus rare et soudain la violence, sourde au début, surgit. On bascule alors, certaines scènes sont insoutenables, cruelles, on se les prend en plein dans la figure, en plein dans le coeur. On reste pétrifié.
Les acteurs sont bouleversants, des "héros" aux seconds rôles. La musique, discrète, est également très belle. Toute l'ambiance du film, malgré le petit budget, vous prend aux tripes, poétique et morbide.
Le film est très long (près de 2h30), mais ne laissez pas ce détail vous décourager. Je conseille cependant aux âmes sensibles de s'abstenir, car s'il ne rentre pas dans la catégorie "films d'horreur" telle qu'on la conçoit en parlant de The ring et autres du même genre, ce film en est bien un.
Désolée pour mon "lyrisme", mais ce film m'a vraiment marqué. Ca n'arrive pas souvent.
