Et puisqu'il déchaîne parfois les passions sur des topics d'animes (en s'éloignant donc du sujet), j'ai pensé qu'en discuter à un unique endroit était plus approprié.
J'apporte ma "petite" contribution. Attention c'est un pavé qui peut vous endormir (ou plutôt vous faire royalement chier) ! Il y a même peut-être quelques mots barbares (parce que bon, je peux pas faire autrement, "on appelle un chat, un chat").
Evidemment, je sors pas tout ça de mon chapeau, c'est le fruit d'études et de recherches (même si dans mon cas c'était porté plutôt sur la musique, c'est totalement transposable).
Bref, allons-y !
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Déjà, il faut définir plusieurs choses pour partir sur les mêmes bases (c'est souvent ce qui fait défaut) :
qu'est-ce qu'on critique ? qu'est-ce qu'une critique ?
Qu'est-ce qu'on critique ?
On est certainement tous d'accord ici que la japanimation a tout à fait sa place dans ce qu'on appelle "l'art". Mais c'est quoi l'art ?
Avant, c'était facile, l'art se basait sur des règles très précises et strictes qui définissaient ce qu'on appellait les lois de l'esthétique. De plus, sa portée aussi était simple : l'art n'était considéré comme tel que s'il avait un sujet métaphysique (ou religieux).
Seulement, la notion d'art a beaucoup évoluée jusqu'à nos jour, et, ce que c'est que l'art est une question sur laquelle les philosophes ont planché, planchent, et plancheront toujours (si ça vous interesse, vous pouvez toujours lire Platon, Hegel, Nietzsche, Heidegger, Kant, Walter Benjamin et Novalis pour donner quelques pistes (courage )).
Toujours est-il que de nos jours, on en est plus a parler d'esthétisme (suffit de voir certaines oeuvres d'art moderne, c'est tout sauf beau), et on a trouvé pour le moment un consensus qui évite les spéculations : l'art est discursif. C'est à dire qu'une oeuvre d'art est quelque chose qui amène un questionnement ou une interrogation. Le rôle de l'oeuvre d'art est soit de nous questionner directement, soit de signifier plus ou moins figurativement à quoi a amené le questionnement de l'artiste. Voilà la définition courament et officieusement admise de nos jours, elle n'a pas la prétention d'être vraie puisque la question ne sera jamais tranchée (et heureusement chacun a la sienne), mais elle a le mérite d'être pratique et utilisable dans le cadre de notre société actuelle et de la diversité de sa production artisitique.
A partir de là, on peut définir deux types d'animes :
- - les oeuvre à portée artistique : qui questionnent, interrogent, ou rendent compte du fruit de certaines interrogations ou questionnements.
Attention !! Les sujets soulevés par une oeuvre d'art ne sont pas forcément des sujets prises de tête, philosophiques, psychologiques, compliqués, etc. Il n'y a pas de d'échelle de valeur.
- les oeuvres de divertissement : comme leur nom l'indique, elles ont pour but de nous divertir, c'est à dire nous faire simplement oublier notre quotidien, ou nous donner/montrer les sensations dont on manque.
La distinction entre les deux est relativement simple.
Une oeuvre de divertissement (si elle est réussie bien sûr) est (presque) entièrement soumise à l'état du spectateur : il va l'adorer s'il était dans les bonnes dispositions au moment ou il l'a vue. Ou alors, elle va créer en lui, s'il est influençable (ou s'il se laisse volontairement influencer) un état qu'il va trouver plaisant ou déplaisant et sur lequel il va baser son jugement. Une oeuvre déjà connue pourra aussi lui servir à retrouver un état dans lequel il souhaite être pour se donner du courage, se conforter, se faire peur.... la liste est longue.
Une oeuvre d'art quant à elle, va toujours, et quelque soit l'état du spectateur, indépendamment du fait qu'il l'apprécie ou pas, provoquer un questionnement ou une réflexion qui dérange (pas dans le sens ou elle gêne, mais dans le sens ou elle titille ou réveille quelque chose en nous qu'on croyait établi), qui seront l'objet de divers interprétations suivant le spectateur. L'oeuvre d'art va au-delà du ressenti. Parfois même, elle s'en passe.
Attention !! Ca ne veut pas dire qu'une oeuvre de divertissement est inférieur à une oeuvre dite d'art ! D'ailleurs Kenji Kamiyama, à propos de Ghost in The Shell SAC dit :
"Tout simplement, les films que j'aime sont les films hollywoodiens à grand spectacle. En général, je vois des films de divertissement. Je ne suis pas quelqu'un qui aime les films tordus, compliqués. Je pense qu'il est plus difficile de faire un film classique. C'est pourquoi j'ai voulu réaliser une série classique. Je pensais que si je n'y parvenais pas, je ne pourrais aborder aucun autre genre."
Bon soit, ça contredit ce qu'il dit par ailleurs sur l'importance, la portée et la signification de certaines répliques, scènes, son amour du film et sa volonté dy coller le plus possible en tous points, etc. mais bon..
Bref, on peut avoir des oeuvres d'art pourries et des oeuvres de divertissement qui sont des chefs d'oeuvre (Robert : "Oeuvre accomplie en son genre".) ou l'inverse.
Qu'est-ce qu'une critique ?
C'est encore une question philosophique qui n'a et n'aura pas de réponse ! Puisqu'elle est par essence le jugement d'une personne, et personne n'est impartiale.
Cependant, il y a deux façons de faire :
- - L'avis ou le jugement argumenté. C'est du domaine purement subjectif.
- La "critique" à proprement parlée (comme le ferait un "professionnel"). C'est à dire que l'on donne le résultat d'une analyse sur des faits établis (normes objectives) ou des critères arbitraires (mais communs) au regard de nos connaissances.
Cependant la "critique" n'en est pas moins subjective parce que les critères objectifs sont très peu nombreux. Dans le cadre de l'animation : la cohérence du scénario (complexe ou pas on s'en fout) et des réactions des personnages, le soin apporté aux graphismes (beau ou moche on s'en fout, c'est subjectif), la qualité de la musique (belle ou pas on s'en tape). Ca s'arrête là. Ce qui est objectif est uniquement ce qui peut être quantifié.
Le reste ne peut être que le fruit d'une reflexion qui est basée sur notre propre connaissance (et culture et éducation) qui ne peut pas être la même que celle d'un autre. Ben oui, pour quelqu'un qui n'a vu dans sa vie que Maya l'abeille, pour lui ce sera le meilleur anime au monde, vu que c'est le seul qu'il a vu. Pour quelqu'un qui en a 2000 a son actif, c'est une autre histoire.
Bref, la qualité d'une critique (objective) est fonction de l'étendue des connaissances de celui qui l'écrit, mais aussi de son discernement et son impartialité. Ca en fait des qualités à avoir ! C'est bien pour ça que n'est pas critique professionnel qui veut !
Grâce à ses connaissances sur le monde de l'anime, il saura aussi discerner le travail qui a été fait en amon (baclé, travaillé, peaufiné...), la portée (commercial, éducatif, divertissement, art...) et l'originalité.
Et pour les oeuvre d'art, il saura dénicher le/les interrogation(s) que pose l'oeuvre.
Tout le reste sera forcément subjectif : les questions posées sont-elles pertinentes ? Si les graphismes sont soignés, est-ce beau ? Si c'est pas le cas, est-ce que ça nuit au reste ? Etc.... Tout ça c'est subjectif.
Evidemment, vu comme ça, si on veut devenir un bon critique, on se dit que c'est même plus la peine d'essayer. Ce serait bien dommage, le critique parfait, n'existe et n'existera jamais, et une critique peut être utile à d'autres même si elle est rédigée par ignare comme moi, tout simplement parce que certaines personnes peuvent avoir les mêmes orientations dans leurs choix/recherches.
Quelques propositions pour une critique (loin de moi l'idée d'insinuer que ce serait bien que tout le monde suivent ces propositions, ce sont simplement celles que j'utilise un peu dans mon boulot,... et que j'utilise quasi pas sur ce forum ) :
Il n'y a pas a proprement parlé de règles pour faire une critique (ça n'existe pas une école de critique), mais avec un peu de bons sens, si on veut faire une critique solide ayant un certain poids, on peut dégager quelques points :
- - Le moment : éviter de rédiger une critique juste après avoir visionner un anime. Laisser passer un peu de temps, c'est ce qu'il en reste après ce temps qui est important.
- Du concret : une critique a plus de poids si elle commence par de l'objectivité sur ce qui peut l'être.
- Les références : avoir ses propres références, si possible dans le même genre, sur quoi s'appuyer quand on critique un anime (Les références de quelqu'un seront d'ailleurs un bon moyen pour celui qui lit de se positionner par affinité et donc d'être plus ou moins réceptif).
- La vigilance : faire attention à ne pas tomber dans le dépit et prendre garde à rester exigeant. Ben voui, c'est pas parce que ça fait 6 mois que vous n'avez pas vu une série valable que quand il y en a une qui arrive un peu au-dessus du lot, mais en restant moyenne par rapport à vos références, vous clamiez qu'elle soit géniale parceque vous n'en pouviez plus des daubes. La critique perd forcément en crédibilité !
- A moins de trouver l'anime vraiment irrécupérable, préférer les critiques positives ou constructives. Au lieu de "le graphisme est à chier mais l'histoire tient la route", c'est mieux "l'histoire tient la route, malheureusement le graphisme n'est pas bon" (ouai bon j'exagère un peu mais vous voyez l'idée quoi ! ). C'est pas que du style ! C'est pour mieux se faire comprendre. Personnellement, je sais pas faire ça naturellement, et ça m'a valu pas mal d'incompréhensions sur le forum, ou on me prétait des opinions qui n'étaient pas les miennes ("t'as pas aimé parce que...", "c'est que t'as pas compris tel truc"..) alors que j'avais beaucoup aimé l'anime en question. En plus, à toujours être négatif, on perd en crédibilité. Lisez quelques critiques (pas trop récentes, parce qu'il s'est calmé, tant mieux pour lui) de Raton-laveur sur Editotaku par exemple, après deux ou trois, on y retourne, pas parce qu'elle sont bien faites, mais pour rire un bon coup. On a vraiment l'impression du mec ayant un certain talent pour l'écriture, mais qui joue l'aigri et le blasé, croyant savoir tout sur tout, et qui pour se faire mousser et se la jouer rebelle, deverse son fiel sur tout ce qui existe. Allant jusqu'à raconter n'importe quoi, faire dans l'humour pseudo-spirituel ou critiquer des trucs dont il n'a même pas vu le 1/4. Le pauvre n'est peut-être pas comme ça, il y a de bonnes critiques glissées dans ce fatras, mais il est tellement naïvement et inutilement incendiaire que plus rien n'est crédible
- La structure : et voui, une critique structurée est plus agréable à lire, plus compréhensible et donc, a beaucoup plus de poids que si elle est rédigée n'importe comment. Vous vous demandiez pourquoi on vous emmerdait en cours de Français avec Intro-développement-conclusion, ben c'était pas pour faire beau ! C'est de la communication. Si on fait une critique c'est pour qu'elle soit lue, et pas pour s'écouter parler
En conclusion :
Ce que je raconte sert sûrement à rien vu que je doute que beaucoup de personne lise ce pavé Mais s'il peut donner quelques semblants de réponses sur le pourquoi on voit sur le forum tant de façon différentes de voir et de faire une critique, ce sera déjà pas mal ! Et puis c'est un débat qui reste ouvert, et ce que je raconte est très incomplet donc si quelqu'un veut y ajouter sa pierre...