Forcément on s'est tous masturbé alors il y a une identification qui se fait dés le départ et c'est sûrement pour ça que je n'arrivais pas à comprendre le fait qu'il ait ce penchant. Mais quand il balance les excuses je me suis dit mais putain de merde: " il a des couilles de taureau ce mec".
C'est d'ailleurs intéressant de voir le traitement de la sexualité et de la masturbation. Le mangaka rend la chose humoristique au départ: les monologues de Kurosawa sur son plaisir intime sont drolatiques, de ce fait le surnom "fap note " est bien trouvé à plus d'un titre, notamment pour nommer ce décalage burlesque entre un héros sombre et le récit illustré de son hobby.
Pourtant, dés le départ, le mangaka investit la sexualité du héros d'une autre fonction. On comprend que son rituel, répété chaque jour, relève d'une sexualité de l'isolement, voire qui pourrait - selon ce que j'extrapole de la conception de l'auteur - mener à des comportements pathologiques à risque.
"quel sera ma nouvelle victime" etc. Kurosawa se soulage et ne semble pas frustré a priori, mais il y a un risque d'escalade lorsque la jalousie s'en mêle. J'étais persuadé à un moment qu'il virerait psychopathe violeur, heureusement que non ! En tout cas, sa routine en prend un immense coup lorsqu'il tombe amoureux de Takigawa. Il y a déjà cette érection irrépressible: peut-être LA scène ridicule du manga qui m'a fait craindre un développement burlesque pour la suite, alors que ça nous montre le passage à une nouvelle sexualité, plus "normale".
Bref, c'était dur à lire la suite, j'en ai voulu à l'auteur de ne pas lui mettre une jeune fille qui l'aime. Il le fait à la fin et ça m'a bcp énervé de ne pas avoir de 5ème tome car après l'avoir vu tant souffrir je voulais le voir savourer son bonheur et ça me fait encore mal au coeur de savoir que jamais je ne pourrais avoir la suite.
Il me semble qu'il y au moins 3/4 chapitres où l'on voit Kurosawa sur une bonne pente, qu'il se rapproche de la Sugawa qui se révèle être un peu tsundere. Sauf retournement mal venu, genre l'otaku qui se serait révélé un des auteurs de graffitis sur la table (tant d'hypothèses me sont venues à l'esprit^^), la narration fonctionnant au suspense s'arrête peu après l'aveu, quand le prof dit qu'il n'ébruitera pas l'affaire. C'est assez inespéré.
Ensuite, tout n'est qu'un long et très beau dénouement: il a compris comment affronter les difficultés de la vie, il a un rêve, une future copine, l'avenir s'annonce assez ennuyeux et il est temps d'en finir.
Bref, c'est à lire, je regrette juste que l'auteur soit aller aussi loin dans la déchéance du personnage mais en même temps c'est ce qui donne ce côté si unique à cette oeuvre.
Les brimades que subit Kurosawa sont après très réalistes: aucune surenchère à mon avis. Les graffitis sont affreusement hilarants, c'est du vécu. Rappelons que Kurosawa ne change pas d'école et ne baisse pas la tête, ce qui peut entretenir la haine.
D'autre part, il ne s'est pas retrouvé devant ses parents bouleversés, et l'affaire n'a pas éclaboussé les médias: il s'en sort vraiment
bien. Son surnom d'Onani Master lui collera un temps à la peau, et ses anciens camarades de classe peuvent toujours le lui rappeler, mais l'affaire n'a finalement pas filtré hors du cadre de la classe. Kuroosawa a accepté le pire en avouant, mais il s'est aussi donné les moyens de changer au cas où ça tourne bien, avec énormément de courage et de dignité (il s'excuse, supporte les coups, n'accuse pas Kitahara mais tente au contraire de l'aider). Bref il y a un peu de chance dans tout ça.
Quand on y pense, est-ce qu'une ado devrait vraiment être traumatisée en découvrant ses affaires souillées ? Je veux dire, est-ce une méthode efficace pour leur couper l'envie d'être des tortionnaires ?