Penguin Highway
Penguin Highway est adapté d'un roman japonais écrit par Tomihiko Morimi, récompensé du Grand Prix Nihon en 2010. Il a connu une déclinaison manga en 2018.
Résumé wiki remanié:
Un beau jour, un étrange groupe de manchots a commencé à apparaître dans la petite ville du jeune écolier Aoyama. Il se met alors en tête de découvrir la véritable nature de ces créatures et leurs objectifs en lançant le « Penguin Highway Research. A l'aide l'aide de son ami Uchida, de sa camarade Hamamoto dont il partage l'intelligence et d'une étrange assistante dentaire dont il cherche la compagnie, Aoyama va tenter de percer le mystère des pingouins.
Ressenti:
[Parler des personnages dévoile un peu le début de l'histoire: à lire après visionnage]
Et de trois cet été ! Ce fut ma plus belle surprise là où je craignais une fable mignonne mais limitée.
J'ai été charmé par le traitement du récit, qui ne choisit pas la voie du moindre effort sur un substrat s'y prêtant bien: l'enquête qui occupe en fait le film quasiment du début à la fin rythme admirablement le récit, au point que je n'avais aucune idée du temps réel qui s'écoulait. Une enquête insolite, poétique et piochant ce qu'il faut de science-fiction (wiki parle de science-fantasy pour le roman ce qui est intéressant) pour captiver au-delà d'un "tais-toi c'est magique". Sans être complexe, certaines explications ne s'adresse pas à de petits enfants.
Le mystère des pingouins est au coeur des préoccupations de Aoyama bien sûr, petit génie (presque HPI dans son attitude), et Hamamoto, sa camarade aventureuse aussi férue de recherche que son père, qui ne sera pas une simple accompagnatrice. C'est pourtant la relation du jeune Aoyama avec l'assistante dentaire qui sera la plus importante à tout point de vue: se déroulant avec délicatesse, elle esquive le côté fanservice qu'elle évoque de prime abord et finit par émouvoir.
Penguin Highway se déroule dans un de ces décors quasi irréel de ville campagnarde somptueuse environnée de nature: chaque plan décrasse les poumons, hydrate les yeux ou la peau, bref je devais en avoir besoin. Je sais que les japonais nous font souvent le coup, mais ça fonctionne tellement bien ici. Le chara-design est assez mignon sans que je veuille le nommer kawaii: rien de trop sucré ni de déplacé.
Le film pose de beaux cadrages un peu partout et sa mise en scène sert chaque moment avec justesse pour un résultat satisfaisant, quoique les plans où la CG est la plus visible m'ont vu vaciller un tantinet, mais ça dépend des scènes: le trip n'en a pas vraiment souffert ! Les pingouins ne sont pas surexploités et le film créé des effets insoupçonnés par son ambiance, teintant le mystère d'une ambivalence inquiétante.
Par toutes ses qualités et la densité idéale de ses péripéties, souvent exaltantes et plus encore vers la fin, Penguin Highway m'a plu quasiment à chaque instant. Même les petites frappes, ce trope que personne n'aime, trouve le moyen de servir. Aoyama est un héros presque atypique dans la constance de son caractère, jamais agaçant pour ma part.
Je trouve que Hiroyasu Ishida a réalisé une œuvre maîtrisée surement redevable à un roman bien troussé, lui qui a jusqu'alors officié sur des courts métrages. Je m'interroge à ce pan de soft SF ou SF-fantasy à l'origine d'oeuvres comme la Traversée du temps: y-a-t-il tout un vivier de fictions pratiquant ce type de mélange ?
Un petit article sur Le Monde en dit plus avec une bien meilleure plume mais là encore, mieux vaut avoir vu le film.