par Ange » 20 Aoû 2007 00:19
Osef qu'elle crève ou pas, c'est pas le problème... Hoshi no Koé parle de la descente, douce, indestructible, contre laquelle il est impossible de lutter, dans l'absence la plus absolue... Si vous n'êtes pas capable d'entendre ça, qu'avez vous entendu dans Hoshi no koé ?
Il n'y a pas de personnage dans hoshi no koé, il n'y a pas d'histoire, il n'y a RIEN dans hoshi no koé, tout n'est que prétexte à la mise en place de ce sentiment absolu, dépressif, qui écrase tout le reste, qui n'est pas triste car les personnages ne sont pas tristes, il n'y a rien de triste dans hoshi no koé, juste l'histoire du temps qui passe, du temps qui éloigne, inexorablement, et c'est comme si leur vie, leur vie magnifique, devenait de moins en moins dense, jusqu'à se résumer a de la grisaille permanente et un rayon de lumière rose, si rare, de plus en plus rare, jusqu'à ce qu'il faille attendre 8 ans pour vivre deux minutes... Si vous n'avez pas entendu cette évaporation là, cette tendre disparition de tout plaisir de vivre, mais sans déprime pourtant, et c'est cela qui est le plus terrible, c'est que les héros s'en vont en souriant, parce qu'ils ne savent pas, ils ont cette force incroyable que jusqu'à leur propre destruction totale, ils continuent à savoir sourire, même pour deux minutes tous les 8 ans, jusqu'au bout... Et vous demandez ce qui arrive à la fin ? Et vous ne comprenez pas ce qu'il arrive à la fin ? A la fin, il n'y a plus rien, plus rien du tout, plus que des enveloppes corporelles, qui flottent dans l'espace, arrivées tellement loin l'une de l'autre que la présence, enfin, a disparu, sans faire "clac", mais à juste disparu, dans le néant, et ainsi, reste deux personnes inexistantes, qui sourient comme sourient ceux qui ont conscience de leur propre absence, de leur propre mort prochaine, de la beauté de ce qui les entoure et de laquelle il ne font plus partie ("Un grand soleil d'hiver éclaire la colline... Que la nature est belle, et que le coeur me fend -"), ce sentiment là, précis, entier, et qui les fait sourire, parce que tout est beau, parce qu'enfin, ils sont en paix, en paix totale avec eux même, en paix parce que plus rien n'est possible, en paix parce qu'il n'y a plus rien et que plus rien ne compte, en paix parce que tout a disparu, enfin, et qu'on peut fermer les yeux, en souriant... Que mourir ou pas n'a pas d'importance, justement, parce que mourir ne changerait rien... Si vous n'avez pas entendu ceci dans Hoshi no Koé, vous n'avez RIEN entendu, parce qu'il n'y a que cela, que cela qui écrase tout le reste.
Si vous n'avez entendu que le reste, vous n'avez entendu qu'une histoire d'amour inintéressante qui finit mal.
J'ai commencé à pleurer vers la... quatrième minute ? Puis passé la totalité de l'épisode à pleurer, à vouloir hurler sans discontinuer dans mes manches (impossible de se calmer, c'est de pire en pire avec les minutes, deux fois pire la minute suivante que la précédente), jusqu'à l'apothéose, le summum du supplice, ou je devais me mordre pour ne pas m'enfoncer quelque chose quelque part... Ensuite, à la fin, il faut fermer la fenêtre, continuer à pleurer pendant 15 à 30 minutes toute seule en essayant de faire autre chose, bêtement, sans espoir d'y arriver, et, vers 30 ou 45 minutes après la fin, sortir de l'alcool ou s'enfouir la tête dans son oreiller en attendant que ça passe... Je suis égoiste et subjective en disant ça, mais je ne comprends pas comment on peut, avec la puissance proprement affligeante d'Hoshi no Koé, ne pas être totalement écrasé par ce sentiment de dépression absolu... Je n'ai jamais rien vu ou lu de pire qu'Hoshi no Koé. Il trône en haut de mon palmarès niveau densité, à côté de la fin de Cowboy Bebop, de la fin de 1984 d'Orwell, de la fin des Royaumes du Nord de Pullman et de la fin de Pita Ten.
J'ai tout simplement haï cet OAV, plus encore que 1984 d'Orwell que j'avais jeté en pleurant de rage et de dégoût à travers ma chambre quand j'avais 11 ans...
Go go vous acheter une sensibilité. :/ (et je ne vous excuse pas, parce que je suis injuste.)