Theotenai a écrit: Pour ce qui est de la misogynie Porcorosso, je ne pense pas que, parce qu'elle est aussi présente en Europe, elle soit pour autant excusable

Elle saoule déjà dans les animes grand public, alors dans le hentai on atteint des sommets difficilement supportables
Je ne pense pas que misogynie soit le bon mot, mais c'est un peu dur à expliquer. Par contre, le hentai joue sans aucun doute sur une haine primaire de la femme liée intimement à la frustration sexuelle (pourvu que les gens ne jugent pas le sexe opposé sur la base de leurs frustrations). Je pense qu'il y a une exploitation de la rancœur, des sentiments négatifs et des pulsions à l'encontre de la femme dans les hentai, ce qui ne sous-tend certainement pas une vraie misogynie dans le fond, mais peut donner lieu à des choses bien déplaisantes.
D'autre part, bien des scénarios de fantasmes sont, excusez la redondance, déconnectés de la réalité: ce qui s'y passe n'est donc pas lié à un jugement de la femme IRL, ni à ce qu'on pense des femmes ou qu'on aimerait leur faire. Un distinguo de taille, tout de même.
Le problème étant que c'est pas très paritaire, mais sombre, violent, limité, instrumentalisé etc. Le dindon de la farce, c'est le mâle, le consommateur de base, dont le porno reflète une part de l'être, ce qu'on du mal à admettre une frange d'idéaliste plus ou moins naïfs pour qui le porno n'est destiné qu'à une frange minoritaire de pervers, comme si nous étions, au plus profond de nous-même, au-dessus de ce qu'il exhibe. L'élément emblématique de l'affaire étant le viol. Après vous avez raison, le hentai pourrait faire mieux à tout de point de vue, mais je comprend les raisons qui le brident.
Theotenai a écrit:(déjà, juste d'un point de vue graphisme et animation, Stringendo/accelerando a été le seul que j'ai pu regarder plus de 3mn
rien à voir avec le fait d'être éjaculateur précoce ou non 
)
Une des rares séries que je n'ai jamais pu regarder. Je sais pas, il y a une impression déplaisante de sprites qui bougent.
Quant à la question de l'art, je pense que k66 et alastor l'ont sans doute amené sur le tapis histoire de dire que le hentai était un genre mineur, stigmatisé par sa propre définition, et qui n'avait donc que peu d'intérêt. Il faut pourtant voir le nombre de sujets passionnants qu'il cristallise: c'est carrément plus intéressant d'en parler que d'en voir.
Sinon, des films pornos qui se voudraient recherchés, ça me rend très dubitatif. Pour moi il y a une aporie quelque part.
J'avais écrit ça à k66 mais sans le poster:
K66 a écrit: Un ami m'a déjà dit que Bible Black était vraiment "regardable" en tant qu'anime. M'enfin j'ai jamais voulu me lancer, ce genre de truc me parait encore trop malsain (et c'est pas une critique pour ceux qui en regarde hein, c'est mon avis personnel).
Il n'y a pas que bible black dans le hentai, fort heureusement d'ailleurs parce que je ne suis pas fan de l'ambiance ni du dessin. Il y a souvent une sorte de violence ou de glauque - parfois insupportable - lié aux relations sexuelles ou au cadre de l'histoire dans le hentai, mais il y aussi du harem hentai assez jovial, du hentai avec de l'humour (pas mon truc) etc.
K66 a écrit:Donc est-ce que y'a des hentais, dont la composante p0rn n'est pas tout dans la série
Certaines histoires donnent l'impression d'être des drama sentimentaux avec du sexe en plus (avec une tension plus ou moins latente), on pourrait donc les regarder dans cette optique. Or, le spectateur frigide se demanderait alors ce qu'il en a à faire des va-et-vient gênants du coït en gros plan: tout d'un coup, ce qui avait une fonction deviendrait gratuit, voire une "tentative de choquer pour choquer" ou je ne sais quoi. Les scènes incriminées qui n'auraient plus fonction de stimuler le spectateur devraient soit disparaître, soit se trouver une nouvelle fonction piochant dans une théorie artistique bidon visant à "libérer l'acte sexuel de son carcan" et "montrer la réalité des corps de façon naturaliste".
Sans aller dans cet écueil, le hentai a le mérite de mettre en scène des scénarios où le sexe cesse d'être un teasing sans fin: il est souvent l'aboutissement d'une relation amoureuse en fin d'épisode. Je songe à de vieux hentai où on sent vraiment cette idée de shojo avec
en plus des scènes de tendresses semi-explicites. Le hentai peut alors se targuer de montrer un pan tabou, des pratiques existantes.
Parlons du malsain: le hentai guro/SF/torture peut être regardé comme une histoire horrifique et violente. Il m'est arrivé de me demander qui pouvait concevoir, animer et doubler des engins pareils, parce que certains d'entre eux ont l'air de
viser avant tout le guro et non le sexe, bien que les deux semblent artistiquement liés.
Je conçois que les gens peuvent nourrir des fantasmes très sombres, ceux qu'on ne souhaite presque pas voir ne serait-ce qu'en fiction. Je conçois d'autre part, et c'est très polémique, que le porno et le hentai peuvent très largement mener à une escalade de fantasmes extrêmes en habituant le spectateur à certains scénarios qui au départ pouvaient l'indigner plus qu'autre chose. De là à être excité par le scato ou les tortures à l'électricité, on a encore de la marge. J'ose donc espérer que les hentai les plus glauques sont matés dans une optique d'écœurement volontaire, ou d'une fascination régressive du trash.
Je me rappelle d'un hentai dans lequel un type amoureux d'une fille finit par frustration par violer sa copine. Cette dernière finit par le pardonner et il finira avec la première fille, mais j'avais trouvé ça pas mal. Tout en étant scabreux et honteux, il y avait une histoire d'amour, racontée sous l'angle du drame et non du fantasme. A creuser.