par Kasongo » 06 Juil 2005 02:24
Cet article peut peut être vous éclairer.
Pourquoi les personnages de Mangas ressemblent-ils à des personnages Occidentaux ?
On pense souvent que les personnages de « Mangas » ont des caractéristiques occidentales pour favoriser leurs exportations, il n’en est rien !
Le manga tel qu'on le connaît aujourd’hui est l’œuvre de Tezuka Osamu, qui est considéré au Japon comme le dieu du « Manga », on le considère d’ailleurs comme le Disney japonais. Étant enfant, Osamu-san est fasciné par les bandes dessinées et l'animation de Walt Disney.
En 1951, il révolutionne la BD pour enfant en créant Testsuwan Atomu (mieux connu sous le nom d'Astro boy) en introduisant des histoires aux allures de story-board : éclatement des cases, action dynamique d’une case à l’autre, succession de traits pour donner des effets de vitesse etc. Certaines de ces caractéristiques venaient des Comics (bandes dessinées américaines). Tezuka est si fasciné et admiratif devant les premiers Disney, que ses personnages sont dotés de grands yeux (Blanche Neige et les sept nains avaient de très grands yeux). Tous les personnages de « Mangas » ont de grands yeux, il suffit pour être convaincu de regarder les yeux de « Yu-Gi-Oh » ou de « Chihiro ».
Dans la plupart des « Mangas », la recherche de l'équilibre est une quête permanente : entre l'ancien et le moderne, le rêve et la réalité.
Si l’on regarde de près un héros de « Manga », ses yeux ne sont pas bridés et ressemblent à des êtres occidentaux (pour la plupart). Cette représentation Occidentale s'explique par un contexte historique et social. Avant l'ouverture du Japon au monde, la vision de l'autre était surtout celle des pays asiatiques voisins. L'arrivée des Occidentaux a créé un sentiment d'exotisme dans l'esprit des Japonais.
Pour les Japonais, l'autre vient vraiment de loin, ce n'est pas un danger mais un extra-terrestre.
De cette confrontation, de ce brassage culturel sont nés les personnages des « Mangas ».
La rencontre avec l’Occidental est pour le Japonais une aventure intellectuelle passionnante qui le sort pour un temps du cadre rigide de sa routine journalière.
L’Occidental a un pouvoir d'attraction, de séduction envers les Japonais. Il suffit pour s’en convaincre de lister les célébrités utilisées par la publicité nippone comme Alain Delon, Madonna ou Arnold Schwarzeneger. Il existe deux termes pour nommer un étranger : le gaikokujin et le gaijin. Le gaikokujin désigne simplement une personne d'une autre nation, tandis que le mot gaijin comporte une nuance émotionnelle de distance et désigne les Occidentaux, d'origine européenne et américaine. Le gaijin a un pouvoir d'attraction, de séduction envers les Japonais.
Mais, par ses choix, le mangaka ("mangaka" est l'auteur de mangas, scénariste ou animateur) ne tente pas de séduire l'Occident comme on le croit volontiers. Car le succès commercial du « Manga » ne dépend pas du marché extérieur (en1995, deux milliards d'exemplaires ont été vendus ; ce qui représente 15 volumes par an et par habitant. Actuellement, les ventes engendrent un marché de six milliards de dollars par an, exclusivement pour le territoire japonais). Si leurs yeux sont ronds comme des billes et clairs comme de l'eau, c’est que cette caractéristique sert à incarner le rêve à travers une représentation d'un ailleurs. Lorsque sont posées par le dessin les pistes de cet ailleurs, tous les scénarios sont alors possibles, sans pour autant mettre en danger la réalité. La démarche consiste à inclure un élément fantastique dans un univers parfaitement quotidien.
Le personnage de « Fio » dans « Porco Rosso » est celui qui permet au cochon de redevenir un homme sans que l'auteur se sente obligé de nous donner de grandes explications scientifico-magiques pour excuser l'audace du scénario.
Beaucoup de « Mangas » ne s'embarrassent pas de soucis de réalisme ou de cohérence. Ils nous racontent une histoire, comme celles que l'on invente parfois pour ses enfants, où l’intrigue se plie à l'imaginaire. C'est cette liberté qui permet en partie au spectateur, même le plus jeune, d'avoir une distance avec le récit qu'on lui décrit. On lui montre clairement que c'est « pour de faux », que c'est « pour rire ».
Définir l'imaginaire comme un élément du réel, voilà le constat de la réussite des « Mangas » et par ricochet celle des jeux vidéos Japonais.
« Mon nom est Ozymandias, roi des rois,
Contemplez mes œuvres, Ô vous les puissants, et désespérez ! »