On m'a conseillé cette série. J'y suis donc allé pour le voir et c'est passé comme une grosse lettre à la Poste : C'est arrivé, je suis content, mais il y a eu quelques difficultés à rentrer dans la boite aux lettres. Si je dois résumer mon avis, ce serait "
Good, but too much 
" (
Bon, mais un peu trop).
Dès le début, j'ai regardé, ai apprécié, ai aimé le dessin, mais n'étais pas subjugué et poussé par l'enthousiasme de voir la suite. S'il n'y a vraiment qu'un point sur lequel je n'ai pas de reproches à faire, c'est bien sur le dessin. Je retrouve bien avec Noein la notion de
dessin animé ; mais mêlé aux techniques modernes de la modélisation 3D, cela produit un ensemble bien satisfaisant. Je n'ai pas trouvé que la 3D jurait avec les décors d'apparence traditionnelle ou les scènes plus plates, contrairement à bon nombre d'animés utilisant la 3D. Et les incrustations d' images modernes, dessinées dans un style plus métallique sont toujours pertinentes, représentent souvent une apparition irréel, issues d'un monde incompréhensible.
Par le contre, le chara design, ou la réalisation des personnages, hormis peut-être les deux héros principaux, Haruka et Yuu, j'ai l'impression que les personnages sont croqués, à un niveau plus ou moins flagrant. La palme revenant au père d'Haruka et à l'entrepreneur fou. Je crois que c'est cette différence dans le style des personnages qui est le plus fatigant.
Ce que j'ai vite eu fait de ne pas aimer, c'est la musique. Grandiose, des choeurs utilisés assez souvent, c'est grandiloquent et elle ne sert pas l'animé, elle s'impose. Au lieu de se faire oublier, ou de se faire remarquer car on reconnait un thème particulier, celui de la série, le plus souvent on s'arrête car on l'entend. La composition est bonne, ce n'est pas le problème, il n'y a aucun problème de choix de la musique par rapport aux différentes scènes. Le problème est la démesure, le mauvais goût du baroque.
Les combats ont exactement le même problème que la musique. Ils sont très bien, il y a assez de puissance dégagée pour satisfaire n'importe qui. Mais la non-matérialité des protagonistes donne des scènes totalement irréalistes. Des coups reçus de plein fouet et une réplique ne se fait pas attendre, il y a juste eu un compteur quelque part qui a décompté des points, sinon ce n'est que le coup suivant qui est donné. Pour le plaisir des yeux, il n'y a rien de tel. Mais les yeux ne font pas tout, et cette toute-puissance dérange un peu tout de même.
Les différents personnages, que ce soit principalement des enfants en primaire est pour une fois bien exploité. Les enfants sont dans un monde d'adulte, entourés d'adultes responsables que sont leurs parents. Le jeu de la résilience que nous a expliqué
Lyn Annouilh est très bien intégré. Après les premières frayeurs, les enfants ont intégrés ces phénomènes dans le monde, ils sont encore en train de concevoir le monde tel qu'il est. Quelques scènes avec les parents ou les grands frères nous montre un environnement presque normal. Le hic, c'est que pas une famille complète n'apparait, et pour les personnages secondaires, il n'y a plus rien. J'ai eu l'impression qu'on a gonflé les proches des personnages principaux pour leur donner une consistance, mais que pour les autres ce n'était pas la peine. Pourquoi s'arrêter en si bon chemin ?
Alors la réalité principale n'a que des personnages presque normaux hormis l'enquêtrice scientifique. À l'heure des révélations, elle a des intuitions presque trop bonnes. Elle n'avait rien pour vérifier ses théories, mais elle comprend tout immédiatement. Il n'y a même pas un brin d'incrédulité

Mais la réalité de Lacrima contient un bon nombre de
Corbeaux qu'on voit défiler durant toute la série presque tous aussi creux les uns que les autres. À part ceux dont on connait leurs alter ego et un tout petit bon point pour Atori, on observe la proximité de ce groupe de guerriers avec accablement. Pas un éclaircissement sur leur passé, sur les raisons de leurs réactions. On sent l'histoire qui est derrière toutes ces personnes. On remarque l'envie d'en dire plus, de rester accroché à cette image de leur passé. Mais hélas, cela reste de l'envie. Seul Atori aura un traitement différent, comme si le plus méchant devait avoir une très bonne raison pour être si torturé.
Le scénario en lui-même a aussi plein d'éléments pour plaire. Une invasion du futur, des super-hommes, un Ouroboros, des choix, la mémoire et la preuve de l'existence de soi, la quête de la rédemption du monde avec le retour au néant, le voyageur divin, les bonnes pioches sont au rendez-vous. Le tout est très bien lié avec des explications de physique quantique. Le problème est que c'est trop bien lié. Il y a à peine une once de mise en avant de tout cela. Le questionnement, la partie qui est sensé provoquer chez le spectateur un sentiment de vertige, n'ose pas venir. Tout n'est que spectacle à justifier. Le divertissement est certes plaisant, mais cela vaut-il la peine de sortir des explications si compliquées si c'est juste pour obtenir un bon programme ?
Je pense que sur bien des points cette série a titillé avec l'excellence, mais à chaque fois les objectifs ne semblaient pas être là. Sur chaque point sur lesquels j'ai pu m'arrêter je n'ai pu m'empêcher de remarquer bien des qualités. Mais à chaque fois il a fallu aller trop loin ou au contraire ne pas en faire assez. J'ai eu l'impression d'une composition avec un orchestre de très bonne qualité, mais sans chef d'orchestre suffisamment bon pour le diriger. Noein est un très bon spectacle gâché par un petit quelque chose qu'on n'arrive jamais à saisir. Et ce petit quelque chose est que c'est trop bon, il devrait courir dans une autre cour. Hélas il est trop petit pour la cour des grands.
C'est vraiment dommage !